Voiture électrique : où en sont les ménages français ?
Publié le 15 juillet 2025

La voiture électrique s’impose peu à peu dans le paysage automobile français. Pourtant, derrière les chiffres de progression se cachent des disparités notables, des freins persistants et des attentes fortes vis-à-vis des politiques publiques. C’est ce que met en lumière l’étude présentée par Marie-Laure Nivot (Responsable intelligence marché chez AAA Data) lors d’un Webinaire du MAP 3 juillet, consacré à l’électromobilité des ménages, en analysant les données d’immatriculations, les profils des acheteurs et les dynamiques d’achat.
Un parc encore très majoritairement thermique
Au 31 mai 2025, on comptait 900 000 voitures 100 % électriques détenues par des ménages particuliers, soit à peine 2 % du parc total de 38,9 millions de véhicules. Ce chiffre montre bien que, malgré les efforts de transition, il existe encore un écart entre dynamique du marché (1 voiture neuve sur 5 vendue est un VE) et transformation réelle du parc, avec des véhicules thermiques qui restent ultradominants. L’hybride, pour sa part, commence à trouver sa place et progresse lentement avec 6%.
Certaines régions tirent cependant leur épingle du jeu. Les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône ou encore les Yvelines affichent des taux d’équipement supérieurs à la moyenne nationale. À l’inverse, le centre de la France reste à la traîne, illustrant une géographie contrastée de l’électromobilité.
Une dynamique d’achat en demi-teinte
Depuis 2020, les ventes de voitures électriques neuves ont connu une croissance rapide, culminant début 2024 grâce à la mise en place du leasing social. Mais depuis mai 2024, cette dynamique marque le pas. La fin des aides, combinée à un climat économique incertain, semble avoir freiné les intentions d’achat. Les consommateurs attendent-ils une nouvelle impulsion gouvernementale ?
Dans certaines zones innovantes, les véhicules électriques représentent jusqu’à 29 % des immatriculations neuves. En Île-de-France, cette proportion se situe entre 18 et 21 %. Le profil des acheteurs est souvent celui d’un “early adopter” vivant dans une région urbaine ou périurbaine à haut niveau de vie.
Une offre qui reste encore mal alignée avec les besoins
L’étude souligne un décalage entre les segments les plus vendus en thermique et en électrique. Alors que les ménages privilégient en thermique des modèles compacts ou citadins (segment B et B-SUV, ex. : Renault Clio, Dacia Sandero), le marché de l’électrique est dominé par les SUV familiaux, dont la Tesla Model Y est l’exemple emblématique. Toutefois, de nouvelles offres apparaissent, comme la Peugeot e-208, la Citroën ë-C3 ou la Renault 5, venant occuper des segments plus accessibles et familiers aux ménages.
Leasing : un moteur de démocratisation
Depuis plusieurs années, le leasing est devenu une modalité d’achat prisée en France. Et cette tendance se confirme pour les véhicules électriques, pour lesquels le coût d’achat reste un frein majeur. Le prix médian d’un véhicule électrique du segment B s’établit à 36 000 €, contre 25 000 € pour un modèle essence équivalent. Le leasing permet donc d’amortir cet écart de prix en mensualisant l’effort financier, tout en bénéficiant de primes, quand elles sont en vigueur.
Qui sont les acheteurs de voitures électriques ?
L’analyse du profil des acquéreurs révèle une frange sociologiquement ciblée :
- Âge moyen : 50 ans (vs 54 pour les thermiques),
- Tranche dominante : 30 à 55 ans,
- Répartition territoriale : zones aisées et urbaines,
- Genre : les femmes représentent seulement un tiers des acheteurs d’électriques (contre 43 % pour l’essence).
Ces chiffres laissent entrevoir un potentiel de développement auprès des plus jeunes, encore freinés par des barrières économiques, pratiques ou psychologiques.
Un indicateur fort : la fidélité
Fait marquant : sur la part de véhicules neufs électriques achetés, 22 % sont des acheteurs qui renouvellent, après revente de leur premier modèle. Un taux de fidélité élevé qui témoigne d’un niveau de satisfaction réel, une fois les freins initiaux levés. Cela souligne aussi la nécessité d’accompagner les primo-accédants pour déclencher l’adhésion.
Une transition encore à consolider
L’électromobilité progresse, mais à un rythme qui reste freiné par les inégalités sociales, territoriales et structurelles. Si des signes encourageants émergent – diversification de l’offre, levier du leasing, fidélité des utilisateurs –, l’étude présentée par Marie-Laure Nivot appelle à une action publique renforcée : incitations financières, soutien aux zones rurales, pédagogie sur les usages.
L’enjeu ? Faire de la voiture électrique une option réaliste et désirable pour tous les ménages français, et non plus réservée à une élite pionnière.
Cette présentation met en lumière la progression réelle mais inégale de l’électromobilité en France. Si les dispositifs de leasing et l’élargissement de l’offre de modèles accessibles ont permis une adoption croissante, les prix élevés, la concentration sociale et territoriale des acheteurs, et la connaissance encore limitée du produit freinent une massification. Les perspectives d’élargissement résident notamment dans le renforcement des aides, la diversification des modèles et une meilleure communication sur les usages, pour lever les freins économiques mais aussi psychologiques, qui peuvent exister.
Revivez la présentation de Marie-Laure Nivot, en visionnant le replay vidéo du Webinaire (voir ci-dessous)
_________________________________________________
Source Webinaire du MAP du 3 juillet 2025 sur l’accès des ménages français au véhicule électrique (Point 1 : Le marché du VE pour les particuliers : chiffres et vision)
Partagez cet article sur les réseaux sociaux :
Sur le même thème
L’accès au véhicule électrique pour les ménages français : freins structurels et leviers d’action ?
Revivez tous les échanges du Webinaire du MAP du 3 juillet 2025 sur le thème "L'accès au véhicule électrique pour les ménages français : freins structurels et leviers d'actions ?", en visionnant la vidéo intégrale de l'événement ci-contre.
Recharge des véhicules électriques : la France accélère et rassure les usagers
Entre idées reçues, progrès technologiques et accélération du déploiement, la recharge des véhicules électriques n’a jamais été aussi accessible. Retour sur les enseignements du Webinaire du MAP du 3 juillet 2025 avec l’intervention de Claude Renard, coordonnateur ZFE et déploiement IRVE au sein du Ministère de la transition écologique.