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Objectif 2035 et véhicules thermiques : remettre les faits au cœur du débat

Publié le 17 décembre 2025

Depuis plusieurs semaines, la décision annoncée par la Commission européenne concernant l’objectif 2035 applicable aux véhicules neufs donne lieu à de nombreuses interprétations erronées. Certaines voix affirment que l’Europe aurait « renoncé à l’électromobilité » ou qu’elle aurait « annulé l’interdiction du thermique ». Ces lectures sont non seulement inexactes, mais elles brouillent le débat public et fragilisent la compréhension des véritables enjeux industriels, économiques et environnementaux. Le MAP estime nécessaire de rétablir une lecture factuelle, juridique et stratégique de cette séquence européenne.

Note d’analyse – Position du MAP

 

Un rappel de méthode : le droit européen ne raisonne pas en interdictions technologiques

L’Union européenne n’a jamais adopté de texte interdisant le moteur thermique en tant que tel.

Le cadre juridique en vigueur repose sur le règlement (UE) 2023/851, qui fixe des objectifs de réduction des émissions de CO₂ des véhicules neufs.

L’objectif dit « 2035 » correspond à une réduction de 100 % des émissions de CO₂ à l’échappement par rapport à l’année de référence 2021.

Ce mécanisme est un standard environnemental, non une interdiction technologique.

Ce point est fondamental : ce sont les émissions, et non les moteurs, qui sont régulées.

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Ce que la Commission européenne a réellement proposé

La Commission européenne a récemment ouvert la voie à un ajustement du cadre réglementaire applicable à l’horizon 2035.

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, il ne s’agit ni d’une suppression de l’objectif climatique, ni d’un abandon de la transition énergétique.

La proposition évoquée consiste à :

  • faire évoluer l’objectif de –100 % vers un objectif de l’ordre de –90 %,
  • introduisant ainsi une flexibilité résiduelle dans le dispositif.

Il s’agit d’une initiative de la Commission, qui devra être discutée et éventuellement adoptée par le Parlement européen et le Conseil. À ce stade, le droit en vigueur reste inchangé.

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Une remise en cause de l’« interdiction du thermique » ? Non, une adaptation des modalités

Parler de « remise en cause de l’interdiction des véhicules thermiques » est juridiquement impropre.

Un objectif de –90 % :

  • ne permet pas un retour généralisé aux motorisations thermiques,
  • n’inverse pas la trajectoire de décarbonation,
  • mais autorise, à la marge, des solutions de transition ou des cas spécifiques (hybrides rechargeables, carburants de synthèse neutres en carbone, mécanismes d’équivalence).

La philosophie reste inchangée : la très grande majorité des véhicules neufs devra être à très faibles émissions ou à émissions nulles.

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Le contexte réel : industrie, compétitivité et acceptabilité

Le MAP souligne que cette évolution intervient dans un contexte profondément modifié :

  • ralentissement de certains marchés de l’électrique,
  • concurrence internationale accrue, notamment asiatique,
  • tensions sur les coûts, les infrastructures et les chaînes d’approvisionnement,
  • inquiétudes sociales et industrielles légitimes.

L’ajustement proposé par la Commission vise à préserver la compétitivité de l’industrie européenne, sans remettre en cause l’objectif climatique de long terme.

Il s’agit d’un arbitrage pragmatique, non d’un renoncement stratégique.

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L’électromobilité demeure le socle de la trajectoire européenne

Contrairement aux discours anti-électromobilité, rien n’indique que l’Union européenne « tourne le dos » à l’électrique.

Les investissements dans :

  • les batteries,
  • les infrastructures de recharge,
  • la structuration des filières industrielles,
  • et la réduction des émissions du transport routier

demeurent au cœur de la stratégie européenne.

L’électrique reste la solution dominante, même si elle n’est plus présentée comme la seule réponse exclusive et immédiate.

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La position du MAP

Le MAP considère que :

  • la clarification du débat est indispensable,
  • les slogans simplificateurs nuisent à la compréhension des enjeux,
  • et l’opposition caricaturale entre « thermique » et « électrique » est contre-productive.

La transition de la mobilité ne peut être ni dogmatique ni improvisée.

Elle doit être pilotée, réaliste, progressive, et compatible avec les réalités industrielles et sociales.

L’évolution annoncée par la Commission européenne s’inscrit dans cette logique d’ajustement, sans remettre en cause le cap fondamental : la décarbonation du transport.

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Conclusion

La Commission européenne n’a ni enterré l’objectif climatique de 2035, ni validé un retour au thermique.

Elle a ouvert un débat sur les modalités d’atteinte de cet objectif, dans un contexte plus contraint que celui anticipé lors de l’adoption initiale du texte.

Pour le MAP, l’enjeu n’est pas d’opposer les technologies, mais de garantir une transition efficace, crédible et soutenable, au service de l’intérêt général.

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